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Alexandre Brétinière, irréductible commerçant du Festival d’Avignon

Chapelier dans la plus vieille boutique d’Avignon, Alexandre Brétinière est un amoureux de la Cité des papes. Et il l’aime encore plus pendant le festival.


Alexandre Brétinière devant la boutique Mouret, rue des Marchands, à Avignon, vendredi 3 juin 2022. © Ludivine ANGÉ


Un couple vient de rentrer dans la petite boutique du numéro 20 de la rue des Marchands. À l’intérieur, coiffé de son béret à rayures bleues et blanches, Alexandre Brétinière, chapelier, est assis sur le rebord du comptoir, sourire aux lèvres. « Je peux vous proposer celui-ci, c’est un chapeau de paille, comme ceux que portaient les jardiniers. C’était des hommes élégants », propose le sexagénaire.


Délicatement, il couvre la tête de son client. Un peu grand. Alexandre se dirige alors vers de grands miroirs entourés de moulures. Ce sont en fait des placards, dans lesquels se trouvent une centaine de Panama.

Sept touristes sur dix achètent un chapeau après avoir visité la chapellerie. © Ludivine ANGÉ


Cette chapellerie à la devanture verte et dorée, Mouret, est nichée dans le plus vieux bâtiment commercial d’Avignon. Et elle regorge de couvre-chefs en tous genres mais aussi, et surtout, d’un commerçant expert en la matière. Pourtant, il n’y connaissait rien il y a encore deux ans.


De chausseur à chapelier


Avant de devenir chapelier, Alexandre était chausseur, comme son père avant lui. « Nous avions une boutique à quelques pas de la chapellerie, précise-t-il. J’ai déposé le bilan en 2020. Mon entreprise a subi la crise… ». À 59 ans, Alexandre se retrouve donc sans emploi. C’est à ce moment que Vincent Mouret, propriétaire de la chapellerie éponyme, lui propose la gestion du commerce.


Reprise par la famille Mouret en 1923, le commerce a traversé les années, s'accrochant fermement à une spécialité. Vincent Mouret a repris le flambeau de sa grand-mère il y a plusieurs décennies et a fait classer le commerce aux Monuments historiques en 1995.

Avant de devenir chapelier, Alexandre était chausseur, comme son père avant lui.© Ludivine ANGÉ


Bien que jugeant l’offre alléchante, Alexandre Brétinière hésite d'abord avant d'accepter. Parce qu’après quarante ans à vendre des chaussures, il n’était pas certain de réussir à trouver ses marques. Et pourtant, il l'assure aujourd'hui : « C’est la même chose de conseiller une chaussure ou un chapeau ». Il faut dire que c’était assez simple pour le célèbre commerçant de se faire une place auprès des clients.


« Ce qu’il aime, c’est l’humain dans toute sa diversité », confie Marion Charlet, sa compagne. « Alexandre est quelqu’un d’accessible et de bienveillant. Il a une certaine notoriété ici et c’est un vrai professionnel », abonde Raphaël Milhau, gérant de la boutique Peter Polo, voisine de la chapellerie. Et il semble être aussi un excellent vendeur.


« La plupart de mes clients sont avant tout des touristes et sept visites sur dix se terminent par un achat », s'enorgeuille Alexandre. Une moyenne qui explose lors du Festival d’Avignon.


Durant cette période, le gérant a rarement le temps de s’arrêter. La boutique, qui ferme normalement ses portes à 19h, reste souvent ouverte après 21h. « Il enchaîne », atteste sa compagne. Ce qui est loin de le déranger, lui qui ne quitte presque jamais sa ville, même en juillet, puisque « c’est à ce moment que la diversité de client est la meilleure ». « La ville se transforme, elle est déguisée, il y a une effervescence qui me plaît. » Photographe professionnel, il passe son temps libre à effectuer des clichés de sa muse, Avignon.



Et après le travail, il assiste à des représentations de spectacles. Et il est bien placé pour recevoir les meilleures critiques. Il y a quelques années, alors qu’il travaillait encore comme chausseur, une diffuseuse est venue lui acheter plusieurs paires. « Nous avons beaucoup échangé, notamment sur le théâtre, se souvient-il. Elle m’a conseillé quatre pièces. Je les ai toutes adorées ».

Cette chapellerie à la devanture verte et dorée, Mouret, est nichée dans le plus vieux bâtiment commercial d’Avignon. © Ludivine ANGÉ


Il se considère d’ailleurs lui-même un peu comédien. « Lorsque des acteurs viennent me voir, je leur dis qu’on fait le même métier, s’amuse-t-il. Ben oui, toute l’année je joue le rôle de commerçant ».


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