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Dans les quartiers populaires d'Avignon, ces jeunes écrivent des slams pour le festival

Le centre social de la Rocade, un quartier extra-muros d’Avignon, participe pour la première fois au festival. Les jeunes ont écrit des slams engagés, qui seront distribués lors de l’événement.

Pendant deux semaines, Sabri a supervisé l’écriture de slams qui seront publiés dans le livret jeune du festival In d'Avignon. © Vincent GENY


« Je connais le festival de nom depuis que je suis petit, mais mes parents n'ont jamais pu m’y faire voir une pièce, c'est trop cher », lâche d'une petite voix timide Najim, 13 ans. Mais cette année, il en fera partie. Et il en est fier. Courant mai, avec le reste de ses camarades de 11 à 17 ans, il a écrit un texte de slam qui sera intégré au livret jeunesse, un cahier distribué aux enfants dans le cadre du festival IN.


En ce début du mois de juin, on suffoque dans la large salle rectangulaire du centre social de la Rocade à Avignon. C'est la cacophonie. Les jeunes sont en pleine bataille d'eau. « C'est fini maintenant, on ne remplit plus les pistolets », ordonne Sabri Khadraoui, éducateur et directeur de l'accueil jeune. Il surveille du coin de l'œil les resquilleurs se rendant discrètement au lavabo. Ce grand frère de 38 ans, en charge de l’accueil jeune du centre, revient sur l'atelier qu’il a animé. « Pendant deux semaines, à raison de 3 heures chacune, ils ont tous écrit un texte en rimes sur le sujet de leur choix. » Le partenariat s'est fait à la demande du IN. Il a été organisé par le médiateur culturel du centre, Grégoire Petit.


Racisme et harcèlement


Les sujets traités vont de la violence policière au harcèlement, autant de questions inhérentes aux banlieues, parfois éloignés des préoccupations des centres-villes. Avec son large t-shirt à l'effigie du rappeur 2Pac sur le dos, Najim explique qu’il a choisi le thème de l'injustice. « Je n'ai pas hésité longtemps. On a le sentiment d'être un peu exclus de la fête alors c'était normal pour moi d'aborder ce thème. C'est ce que je ressens. »


Aymen, 12 ans, lunettes à monture noire sur le nez, a opté au contraire pour la fraternité. « Je me suis appuyé sur ce qu'on entend de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, explique-t-il à toute vitesse, en calant quelques mots en arabe pour faire comme les grands. Je me suis aussi inspiré de ce qui se passe en Chine avec les Ouïghours. Ce sont des sujets qui me semblent importants et il faut en parler, même au cœur du festival qui est un moment de fête. »


« On est loin de tout ce qui est culture ici»


« Les remparts d'Avignon avaient pour vocation de mettre à l'écart une certaine partie de la population, rappelle Sabri Khadraoui. Cet exercice est un excellent moyen d'impliquer, au cœur même d'un festival qui a une dimension élitiste, ces jeunes que personne ne voit lorsqu'on ne reste que dans le centre-ville. » Arrivé en janvier 2022, l’éducateur a mis un point d’honneur à développer la culture qui permet de s'ouvrir et de développer des connaissances. « Avant, les activités consistaient à jouer à la console et faire du foot », déplore-t-il.


Cette année, le centre social bénéficie d'une quarantaine de places offertes par le IN pour l'ensemble des inscrits. Pas sûr que les jeunes en profiteront. « On est loin de tout ce qui est culture ici, estime Aymen. On a notre propre truc, le rap. Voir nos textes au cœur de l'événement, c'est quand même génial. »

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