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Le Festival d’Avignon accélère sur le vélo

Petits prix, aménagements de la voirie... : depuis quelques années, Avignon cherche à faire du vélo le moyen de transport privilégié de ses habitants, mais aussi des participants à son célèbre festival de théâtre.


« Au moment du Festival d’Avignon, c’est la folie des vélos. » Assise derrière son bureau submergée par les dossiers, Alexandra Timár, directrice adjointe du Théâtre des Halles, s’attend une nouvelle fois à voir un grand nombre de deux roues circuler dans les ruelles de la ville en juillet prochain.

Un salarié de l’association Roulons à Vélo répare un vélo dans ses locaux à Avignon le mercredi 1er juin. © Sven Geslin


Car depuis quelques années, la place du vélo n’a cessé de croître à Avignon, notamment pendant le festival. Une augmentation souhaitée par la municipalité, qui a mis en place en janvier 2022 le plan Faubourgs, visant à réduire l’utilisation de la voiture et développer les modes de transports doux. Selon le Collectif des festivals éco-responsables et solidaires en région Sud, en 2019, sur les 28 075 festivaliers du IN, 9 % ont utilisé un vélo pour se déplacer. Côté OFF, près de 9 000 personnes ont choisi le même moyen de déplacement.


Les éditions précédentes, Alexandra Timár a été débordée par le nombre de vélos présents dans la cour de son théâtre. Elle prévoit cette année d’aménager un espace pour stocker les deux-roues des spectateurs. « Il y en a parfois des centaines, au point où on ne sait plus les mettre », soupire-t-elle. S'ils sont nombreux dans les parkings à vélo, ils le sont aussi sur les routes. Au risque d'assister à de plus en plus d'accidents


Aménager Avignon pour éviter les accidents


C’est en tout cas ce que craint Jean-Michel Robert. Dans sa boutique avignonnaise, où nous l’avons rencontré, il fulmine. Selon lui, « il y a bien une dizaine de personnes par jour à se faire percuter en vélo lors du festival ». Le gérant de Cycles JM Robert soulève un problème : « Certaines pistes cyclables ne sont pas des pistes, ce sont des lignes de peinture sur des routes où circulent des voitures », lâche-t-il, en pointant du doigt les marques de peintures blanches sur la route située face à son commerce. « Pire encore, les cyclistes doivent parfois circuler sur les lignes de tramway, au risque de chuter en se prenant les roues dans les fentes. » Une enquête réalisée en 2021 par le Baromètre des villes cyclistes montre que près de la moitié des 445 personnes interrogées ne se sentent pas en sécurité pour circuler en vélo dans la ville.


Évolution du tracé linéaire cyclable par type d’aménagement à Avignon. © Avignon Ville d’exception


Mais la mairie d’Avignon semble vouloir corriger le tir. Entre 2019 et 2021, la ville est passée de 210 à 241 km d’itinéraires cyclables. Des discussions entre la Ville et le Grand Avignon sur d'éventuels aménagements auprès des lignes de tramway et de bus sont également en cours pour « éviter de reproduire ces erreurs », indique Olivier Marquet, directeur de projet de mobilité et d’aménagement à la mairie. Enfin, une étude est en cours pour un déploiement généralisé des panneaux « cédez le passage » aux cyclistes à partir de la fin de l’année. Des bonnes nouvelles donc, mais encore faut-il que les festivaliers puissent se procurer un deux-roues pendant la durée de l’événement. C’est ce que s’attèlent à proposer certains vendeurs de la ville.


Accompagner pour inciter à pédaler


Dans l’atelier de l’association Roulons à Vélo, qui travaille en étroite relation avec la municipalité, plus de 200 bicyclettes sont entreposées au sol, attachées aux murs ou entassées sur des plateformes. Chaque année, l’organisme répare et vend près de 2 000 vélos de seconde main. Et la boutique ne chôme pas pendant les trois semaines du festival. En 2021, plus de 120 vélos ont été vendus par l’association lors du festival. « Un chiffre qui représente près de 15 % des ventes annuelles », selon Richard Rumiano, employé de Roulons à vélo.


Des roues de vélo entreposés dans l’atelier de l’association Roulons à vélo à Avignon le mercredi 1er juin 2022. © Sven Geslin


La boutique fonctionne sur un système de dons de vélo, que les employés réparent ensuite, ce qui permet de proposer des prix défiant toute concurrence : environ 70 € par vélo. Un concept soutenu par la mairie, qui a mis en place le dispositif Tous à vélo. Les cyclistes peuvent ainsi bénéficier d’une aide de 50 € pour tout vélo acheté avec une association. « Cette aide est très appréciable et tout comme le plan Faubourgs, elle pousse à l’utilisation du vélo », confie Jean-Michel Robert.


Un avis partagé par Valérie Villette, présidente de l'association les Quatre Boulevards. « Depuis que la ville tend à réduire l'utilisation de la voiture, le vélo est de plus en plus présent dans les rues. De plus en plus de personnes, touristes comme travailleurs, ont troqué leur véhicule pour le vélo », explique-t-elle. Avant d’ajouter : « La municipalité favorise ce transport avec le déploiement de pistes cyclables à foison. » Le service Vélopop d’Avignon (le système de vélos en libre-service) a atteint 14 006 locations en juillet 2021, record absolu depuis son lancement. Mais ces milliers de deux-roues doivent trouver leur place au moment des spectacles.


La course aux parkings vélos


Lors de la 73e édition du Festival, qui a eu lieu en 2019, Avignon comptait 1 218 arceaux. Un chiffre encore trop faible pour Richard Rumiano, qui se souvient que « certains usagers attachent tous les ans leur bicyclette sur le mobilier urbain par manque de place ».



En bleu, les souhaits de stationnements vélo à Avignon en 2022. © Baromètre des villes cyclables.


Un manque également pointé du doigt par le Baromètre des villes cyclables. Les souhaits de stationnement vélo se font particulièrement ressentir intra-muros (cf. carte). Pour parer à ce problème, la municipalité tente d'agir. En trois ans, la municipalité en a installé 377 supplémentaires. Et ça va continuer de s’accélérer. « Il est prévu de passer à un rythme d’installation de 250 à 300 arceaux par an jusqu’en 2026 », indique Olivier Marquet. Viennent s’ajouter à ces installations permanentes des arceaux temporaires, déplaçables, pour répondre aux enjeux immédiats comme le Festival d’Avignon. Avec un système de vissage au sol avec des barres de métal, les agents de la Ville pourront les installer puis les retirer. Quatre grands parkings de vélos sont enfin en prévision aux portes d’intra-muros.


Mais qui dit augmentation du transport à vélo dans Avignon, dit aussi augmentation possible des vols. Deux tiers des sondés par le Baromètre des villes cyclistes disent ainsi que les vols sont fréquents à Avignon. « Il y a des vols de vélos tous les jours ici », souffle Jean-Michel Robert. Pas de quoi décourager les cyclistes, de plus en plus nombreux à Avignon.


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