top of page

Musées, fondations, cinémas… : à Avignon, la culture existe au-delà du théâtre

Dernière mise à jour : 11 juin 2022

La municipalité d’Avignon défend une politique culturelle active pour promouvoir tous les arts dans la ville et pas seulement le théâtre, largement exposé par le festival. Les lieux culturels sont bien là, mais certains se sentent mal aimés.

Œuvres de la série des Peintures algorythmées exposées au Grenier à sel à Avignon, réalisées par Tina et Charly en collaboration avec Thomas Kerdreux, chercheur en intelligence artificielle. © Chloé Benoist


Le théâtre du Chien qui fume, des 3 Soleils, du Balcon, du Train bleu, des Béliers… Des théâtres, partout des théâtres. C’est ce qui accroche l'œil lorsque l’on arrive à Avignon. Mais il suffit de s’enfoncer dans les rues de l’intra-muros pour voir que les comédiens ne sont pas les seuls artistes en ville.


Art plastique, contemporain, danse, musique, cinéma. Eux aussi ont leur place. Des street artistes ont habillé un pan de mur au 85 rue de la Bonneterie. Au loin, on entend un musicien donner de la voix. La culture habite les rues, que certains choisissent comme lieu d’expression. D’autres à l’inverse préfèrent laisser leurs œuvres au chaud dans des musées ou des fondations culturelles. Parmi ces établissements : le Grenier à sel. Situé rue du rempart Saint-Lazare, aux abords du Rhône, l’endroit accueille en ce début juin une exposition baptisée La Mécanique du trait. On y découvre une histoire dessinée et animée en réalité virtuelle, une fresque murale augmentée, et même des dessins réalisés par une intelligence artificielle. Ces derniers sont le fruit du travail de Tina et Charly.

Une fresque murale augmentée exposée au Grenier à sel à Avignon pour l’exposition La Mécanique du trait. © Chloé Benoist


S’ils sont originaires de la région et connaissent bien la ville pour y avoir étudié aux Beaux-arts, ils y exposent rarement. « Il y a peu d’appels à projets lancés par la municipalité », explique Tina. Un problème pour eux, puisqu’ils ont besoin de moyens pour leurs créations numériques.


Des bâtiments mis à disposition des artistes


Si la Ville défend son dynamisme culturel, notamment avec la mise à disposition de cinq bâtiments pour des expositions, les aides financières restent maigres pour les artistes contemporains et plasticiens. « Il n’y a pas de rémunération pour les artistes, de gardiennage pour les expositions, ni même de communication pour promouvoir les événements », regrette Corinne Mariotte, présidente de l’association Avignon ateliers d’artistes, qui regroupe des créateurs locaux.


Les rues d’Avignon intra-muros regorgent de sculpteurs, de dessinateurs, de photographes, ou de peintres. Chaque année au mois de novembre, une trentaine d’entre eux ouvrent les portes de leurs ateliers. Ils sont soucieux de faire connaître leur art au grand public. Et d’obtenir une meilleure reconnaissance de leur travail. « J’ai déjà exposé dans des endroits où tout le monde était rémunéré sauf les artistes, s’insurge Corinne Mariotte. On ne demanderait jamais à un danseur de faire une prestation bénévolement ! »


Si les artistes ne se sentent pas considérés à leur juste valeur, Avignon bouge pourtant toute l’année au rythme de la culture. La ville héberge l’Avignon Jazz festival chaque mois d’août, les Hivernales en février, un festival de danse, ou encore le Printemps des poètes.


Une politique culturelle « éloignée des vraies problématiques »


Située rue Violette, non loin de l’Office de tourisme, la Collection Lambert renferme un musée d’art contemporain. Cet imposant hôtel particulier abrite en ce mois de juin l’exposition Le désert du réel. Photographies, court-métrages et sculptures se partagent l’espace. Toute la place est donnée aux œuvres, mises en valeur sur les hauts et longs murs blancs. Si celui-ci est payant, cinq des huit musées de la ville sont gratuits. Des expositions, permanentes ou éphémères sont proposées dans ces établissements, mais aussi dans d’autres lieux emblématiques de la ville, à l’image du Palais des papes. Il accueille les œuvres d’artistes de renommée internationale, comme les photographies de Sebastiao Salgado actuellement exposées.


Côté cinéma, une seule adresse, connue de tout avignonnais digne de ce nom : l’Utopia C’est le cœur battant de la culture dans la ville, de midi à minuit, toute l’année. On y vient pour voir un film, prendre un verre, voire manifester car l’Utopia est un lieu engagé. À l’ombre des tours du Palais des papes, Patrick Guivarc’h, le responsable des lieux, passe toutes ses journées dans cet endroit qui abrite cinq salles dédiées aux films d’art et essai. À l’affiche, des œuvres venues des quatre coins du monde, en version originale.


Ce coin de verdure, caché au bout d’une impasse, accueille aussi un lieu polyvalent où jazzmen et danseurs peuvent performer. « Mais ce sont majoritairement des habitués qui viennent », explique Patrick Guivarc’h. Lui estime que le cinéma à Avignon n’est valorisé qu’occasionnellement. « L’accent est mis pour le festival, ou pour la semaine espagnole ou italienne par exemple. À ces moments-là, la Ville veut projeter des films étrangers, mais au quotidien, rien n’est fait pour promouvoir le cinéma. » S’il reconnaît qu’Avignon est loin d’être dénuée d’espaces culturels, les actions de la municipalité restent, selon lui, « éloignées des vraies problématiques ».


Le responsable du cinéma - qui propose plus de 500 films chaque année - déplore l’absence de concertation entre décideurs politiques et acteurs du monde culturel. Patrick Guivarc’h soutient que la valorisation de l’art doit être rattachée à l’éducation, mais aussi et surtout à la mobilité. « Si on veut que les gens puissent se rendre dans les lieux de culture, il faut des transports en commun pour les y amener. » Un autre sujet chaud dans la Cité des papes

10 vues0 commentaire

Comments


bottom of page