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Arles et Avignon, sœurs jumelles ou sœurs rivales ?

Séparées de seulement 40 km, les villes d’Avignon et d’Arles sont toutes les deux classées au patrimoine mondial de l’Unesco et proches sur bien des points : les festivals, la culture, les monuments… Quelle destination choisir ? Il y a match.

Le centre de la ville d’Arles vu depuis la tour Luma, à 56 m de haut. © Clément LE LAY


Au football, Arles et Avignon ont créé une entente pour disputer des matchs jusqu’au plus haut niveau. Sur la question du tourisme, c’est chacun pour soi.


Du côté de la ville d’Arles, on préfère la diplomatie. C’est ce qu’avance Christophe Lespilette, directeur du patrimoine et de la culture de la ville : « Bien qu'Avignon a toujours une attractivité légèrement plus forte, il est sévère de parler de “rivalité”. Donc, je préfère le terme de sœurs. » Pourtant, c’est la cité de la Camargue qui, en 2018, a été classée parmi les 52 lieux du monde à visiter dans le New York Times. En 2018, Cécile Helle, la maire socialiste d'Avignon, parlait au Monde d’un « défi culturel avec l'émergence de Arles, la branchée ».


Alors, sœurs rivales ou sœurs jumelles ? En 2021, l’Insee a recensé 7,5 millions de nuitées à Arles, contre 6,1 millions à Avignon. Une augmentation de fréquentation pour la première, une stagnation pour la seconde.


La fraîcheur et la découverte, 1-0 pour Arles


Si Arles a autant le vent en poupe, jusque de l’autre côté de l’Atlantique, c’est que depuis plusieurs années la ville mise sur l’art contemporain. De 2014 à 2020, la tour Luma sort de terre, et c’est le monument qui caractérise cette stratégie.


Une stratégie empruntée à la ville espagnole de Bilbao, autre ancienne zone industrielle ayant fait le pari de changer son image. Maja Hoffmann, la mécène du projet Luma, a d’ailleurs été chercher le même architecte derrière le musée Guggenheim de Bilbao pour la tour arlésienne : Frank Gehry.


« Son style est très reconnaissable et moderne, décrit Amélie Busi, directrice de la communication à la fondation Luma. Mais la tour ne fait pas tâche, elle respecte la ville et permet même d’avoir une vue imprenable sur le centre, à 56 mètres de hauteur. »


À Avignon, pas d’équivalent aussi spectaculaire, mais la Collection Lambert tient son rang en matière d'art contemporain. La ville du Vaucluse n’est pas non plus larguée sur la question de modernité, puisqu’elle héberge depuis 2017 l’école des Nouvelles Images, une formation aux métiers de l’animation et de l’image 3D. Tandis qu'Arles mise depuis longtemps sur la photo, avec notamment l’ENSP, l’École nationale supérieure de la photographie.


Les festivals, 1-1, Avignon égalise


Les deux villes sudistes possèdent leurs propres festivals. Lors du mois de juillet, Avignon met à l’honneur le théâtre pendant trois semaines, avec le fameux Festival d’Avignon, créé en 1947. Les rencontres de la photographie d’Arles ont elles été créées en 1970, et débutent au même moment, pour se poursuivre jusqu’à fin septembre.


En 2019, dernière année épargnée par la crise sanitaire, une étude du Flux Vision a dénombré 688 000 touristes de passage dans Avignon intra-muros, durant toute la durée du festival. Les rencontres de la photographie, de leurs côtés, ont brassé 145 000 visiteurs la même année.

En 2019, le brassage du festival d’Avignon a été estimé à 688 000 visiteurs. © AFP


Cela n’empêche pas les Arlésiens de profiter du brassage plus important du festival voisin... « La proximité des deux villes fait que les festivaliers à Avignon s’accordent aussi une journée pour les rencontres, confirme Christophe Lespilette, directeur du patrimoine et de la culture d'Arles. C’est donc toujours important que les deux événements débutent en même temps. »


Les monuments, 2-2


Mais quelle ville vous permettra de ramener les plus belles photos ? Là encore, le match est très serré.


Côté Avignon, l’un des symboles les plus forts est le palais des Papes, qui attire près de 700 000 visiteurs par an. Mais Arles a les arènes et le théâtre antique, cet ensemble brassant près de 350 000 touristes en 2019.


Chaque ville possède aussi ses ponts iconiques, tous les deux rendus célèbres par la culture. À Avignon, on y danse comme le veut la chanson, tandis qu’à Arles, Vincent Van Gogh l’immortalise en 1888. Les ponts Saint-Bénezet et de Langlois, de leurs vrais noms, ont en commun de n’être plus que des monuments que l’on visite.

Le pont de Langlois à Arles peint par Vincent Van Gogh en 1888. © DR


Les monuments religieux occupent aussi une place importante dans les deux villes classées au patrimoine mondial de l’Unesco. La Cité des papes n’a pas volé son surnom, avec pas moins de 37 édifices religieux répartis dans toute la ville avignonnaise. On soulignera le cloître Saint-Louis, l’un des centres névralgiques du festival. La basilique Saint-Pierre, de son côté, est l’une des plus belles églises de la ville. Dans la cité camarguaise, le cloître Saint-Trophime attire chaque année près de 120 000 visiteurs, tandis que l’abbaye de Montmajour est le plus haut édifice de la ville et culmine à 57 m.


Les musées, 3-3


Qui dit villes culturelles dit aussi présence de musées. À Arles, on peut admirer les peintures des plus grands artistes. Sept tableaux de Vincent van Gogh sont exposés dans une fondation éponyme, mais l’on retrouve aussi des dessins de Pablo Picasso au musée Réattu. Le musée bleu, de son nom complet, le musée départemental d’Arles antique, expose des collections archéologiques, notamment de l’ère romaine. Avec plus de 150 000 visites par an, il est le 4e musée le plus visité du département.



À Avignon, le musée du petit Palais, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, est l’un des plus grands d’Europe sur l’art médiéval. Le musée Calvet est le principal de la ville, avec des collections des Beaux-arts.


Un score final de parité dans ce match. Les deux villes ont tant de choses à offrir, qu’il serait cruel de les départager en quelques points.






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