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Youness Bousenna, journaliste : « Le théâtre a tendance à moins intéresser les médias nationaux »

S'il se rend au Festival d'Avignon depuis qu'il est tout petit, Youness Bousenna le couvre en tant que journaliste depuis quelques années seulement. Il nous emmène dans les coulisses de son métier. Rencontre.

Youness Bousenna, journaliste pigiste, couvre depuis trois ans le Festival d’Avignon. © DR


C’est avec une certaine excitation dans la voix que Youness Bousenna, journaliste pigiste, se remémore ses premiers souvenirs du Festival d’Avignon. Au bout du fil, il nous raconte son expérience de journaliste, notamment pour Le Monde, Marianne ou encore Télérama, pendant cet événement majeur du théâtre. Mais s’il aime écrire pour la presse nationale, ce que cet Avignonnais d’origine préfère, c’est sortir la plume pour le quotidien régional La Provence, son journal de cœur.


Le journaliste, diplômé du CFJ, a commencé à traiter l’événement en 2014, alors en stage pour le journal. Il se souvient avec émotion de son premier article sur les différentes mises en scène du classique Cyrano de Bergerac. Et s’il ne traite pas de théâtre le reste de l’année, il prend tous les ans le même plaisir à écrire des critiques lors de trois semaines du festival. Rencontre.


Pour le Festival d’Avignon, vous avez travaillé pour la presse nationale et locale. Précisément, comment s’organise La Provence pour cet événement ?


On peut diviser la question en deux. Il y a d'abord les sujets culture : la rédaction de Marseille s’occupe des gros événements du festival IN, comme la création de la cour d’honneur ou la programmation d’Olivier Py par exemple. Pour ce qui est de la vie locale, toutes les pages du Vaucluse sont - pendant toute la durée du festival - centralisées à Avignon avant de remonter à Marseille, à la manière d’un entonnoir.


Sur le terrain, les journalistes vont le plus souvent rédiger des papiers sur les festivités qui englobent l’événement comme la parade dans les rues d’Avignon. Ils peuvent aussi, au compte-goutte, traiter des pièces qui les intéressent en écrivant des critiques. Mais ce travail est organisé autour d’un groupe d’une vingtaine de rédacteurs bénévoles, chapeauté par un journaliste. Groupe dont je fais moi-même partie.


Pourquoi avoir recours à des bénévoles ?


Beaucoup de journalistes de La Provence sont en congés d’été pendant la période du festival. Alors faire appel à des rédacteurs bénévoles nous permet de traiter des très nombreuses représentations qui se tiennent pendant trois semaines. Pour ce qui est de leur missions, ils sont chargés de rédiger des critiques d’une quinzaine de lignes sur les pièces auxquelles ils ont assisté. Cette équipe spéciale permet au journal de publier entre 500 et 600 critiques en l’espace de trois semaines, quand un média national n’en rédige en moyenne qu’une petite quarantaine.



C’est donc un avantage de traiter l’événement pour un média local ?


Les journaux locaux sont clairement mobilisés pour cet événement. De Marseille à Avignon, tous les journalistes sont sur le pont pour traiter de la manière la plus complète et représentative le festival. Moi, j’ai la chance de pouvoir dormir pendant trois semaines chez mes parents, donc je n’ai aucun frais de logement quand je viens sur le terrain. Mais les journalistes nationaux, eux, ne restent que trois ou quatre jours à Avignon, en début de saison essentiellement. Du coup, ils manquent beaucoup de spectacles.


On dit souvent que le Festival de Cannes intéresse beaucoup plus que celui d’Avignon, qu’en pensez-vous ?


Avignon attire tous les ans des dizaines de journalistes de la presse nationale. Mais il est vrai que tout au long du festival, on retrouve majoritairement des confrères de la presse locale. Le théâtre a tendance à moins intéresser les médias nationaux ou généralistes que le cinéma. C’est moins glamour (rires). A contrario, je remarque qu’Avignon est plus accessible aux journalistes, même s’ils ne sont pas professionnels ou qu’ils n’ont pas d’accréditation. Cannes reste beaucoup moins accessible et une poignée de journalistes seulement peut assister à toutes les projections.

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